Coopération

Échange Sud-Sud

Une visite en Thaïlande

Le riz est l’une des principales cultures vivrières du monde. Il représente non seulement une part essentielle de l’alimentation des personnes au quotidien, mais aussi un potentiel de revenu impor-tant pour l’économie africaine et asiatique.

Bien que des efforts importants aient été réalisés pour renforcer la production africaine de riz afin de répondre à la demande locale et afin d’accroître les revenus des agriculteur·rice·s, des amélio-rations sont encore possibles en ce qui concerne les investissements stratégiques dans la re-cherche et le développement, la production et les infrastructures commerciales. L’initiative CARI a réalisé que le savoir-faire asiatique en matière de production, de commercialisation et d’élaboration de politiques pouvait être une référence utile pour remédier aux carences dans le secteur africain du riz. Connue comme étant le premier exportateur mondial de riz, la Thaïlande fait office de modèle et de référence. Un échange transcontinental de connaissances a ainsi été mis en place en 2016, au moyen d’une collaboration entre l’initiative CARI et l’initiative pour l’amélioration de la production rizicole en Asie (Better Rice Initiative Asia, BRIA). Cette année, la deuxième visite d’échange entre les partenaires des initiatives BRIA et CARI originaires du Nigéria, du Ghana, du Burkina Faso et de la Tanzanie s’est déroulée du 21 au 25 août 2017 dans différentes provinces thaïlandaises.

L’échange visait à permettre aux participants de mieux comprendre la chaîne de valeur du riz thaï et ses parties prenantes. Ainsi, des participants venus de quatre pays d’Afrique occidentale et orientale ont bénéficié de visites guidées et de nombreux échanges en divers lieux, ce qui leur a permis de glaner de multiples informations. Parmi les lieux visités, il convient d’en souligner quatre.

 

(1) Pour leur première étape, les participants se sont rendus au Klang Community Rice Center, dans la province d’Ubon Ratchathani. Ce centre coopère avec l’entreprise OLAM pour améliorer sa pro-duction et la mettre en conformité avec les normes de l’alliance Sustainable Rice Platform (SRP). La visite de l’association communautaire d’agriculteur·rice·s a permis de débattre des difficultés et des recommandations concernant les pratiques de culture rizicole, les techniques de traitement post-récolte et le conditionnement, ainsi que la gestion et l’organisation de l’association d’agriculteur·rice·s, autant de thèmes très pertinents pour les visiteurs venus d’Afrique.

(2) À la ferme Raitong Organics Farm Co. Ltd., une ferme rizicole biologique située dans la province de Sisaket, les discussions ont porté sur les processus de l’agriculture biologique (de la préparation de la terre à la commercialisation), les technologies innovantes et les expérimentations (comme la gestion biologique des mauvaises herbes) ainsi que les processus de conditionnement et de con-trôle de la qualité. Même si pour le moment, il n’existe probablement pas de grand marché pour le riz biologique dans les pays africains, le concept holistique de la ferme, qui est gérée comme une entreprise sociale, demeure inspirant et porteur d’un fort potentiel pour la future culture rizicole en Afrique.

(3) La troisième visite, au centre de recherche Ubon Ratchathani Rice Research Centre, a donné un aperçu des principales variétés de riz et des préférences des consommateurs en Thaïlande. Les participants ont pris connaissance des difficultés liées à la production rizicole et à la protection des plantes, et donc de l’importance des recherches que le centre mène en continu sur le riz. Le centre de recherche dispose d’une banque de plus de 1 000 gènes qui lui permet d’améliorer en perma-nence les semences et leur résistance aux nuisibles et aux maladies, une activité essentielle pour appuyer les agriculteur·rice·s thaïlandais et l’image de marque de leur riz. En outre, les recherches du centre Ubon Ratchathani Rice Research Centre portent actuellement sur des domaines tels que la génétique et la sélection des variétés de riz, la technologie relative aux semences, la biotechno-logie, la fertilité des sols et la gestion des ressources naturelles, autant de thématiques impor-tantes qui contribueront à relever les défis à venir.

(4) Le riz thaï au jasmin est bien connu et apprécié dans le monde entier. Au bureau des normes relatives aux produits de grande consommation (Office of Commodity Standards), au sein du mi-nistère du Commerce, le groupe a découvert les normes de qualité du riz au jasmin, les systèmes de classification, l’assurance qualité et la certification conformément au droit thaïlandais. Bien que la plupart des participants travaillent dans le secteur privé, ils ont reconnu l’importance et l’intérêt de l’implication de l’État et de son action régulatrice concernant les normes relatives aux produits de grande consommation. Si ces dispositions imposent des restrictions et des responsabilités sup-plémentaires aux entreprises, elles soutiennent aussi la création de marques et entraînent la créa-tion de nouveaux emplois, un aspect très important pour le continent africain.

 

Cette visite de terrain a été extrêmement enrichissante et particulièrement appréciée par tous les participants. En se familiarisant davantage avec la culture du riz en Thaïlande et en échangeant avec différentes organisations actives au sein de la chaîne de valeur du riz thaï, les participants ont collecté de bonnes idées et des impressions qui les ont rendus optimistes quant à leurs nouvelles capacités à améliorer les processus de production rizicole dans leur pays d’origine. Les initia-tives BRIA et CARI sont impatientes de poursuivre leur coopération et de continuer à soutenir les échanges d’enseignements et de connaissances.

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